La Puissance du dialogue en entreprise
Le 4, 5,6 septembre 2022 se tenait un séminaire organisé par Art of Hosting à la maison de la conversation dans le 18ème (Paris). Ce séminaire était intitulé : « Se transformer et transformer le monde par le dialogue ».
Avant de vous décrire le bénéfice de cet outil de l’intelligence collective, je vais faire un petit point sur ce qu’est l’Art Of Hosting (AOH) et ce qu’est le cercle de dialogue
AOH est un regroupement de professionnels, mais pas que, qui veulent mettre l’intelligence collective au cœur des pratiques de demain ! Il n’y a pas de structure juridique formelle, pas de leader désigné, pas de programme d’accréditation et pas d’organisme de contrôle. Ce réseau est engagé dans la voie de l’apprentissage continu en encourageant le partage et l’entre-aide. Ce sont des praticien-ne-s et des communautés de pratiques locales qui font vivre l’esprit d’AOH, en organisant des séminaires sur des thématiques différentes mais qui ont toutes un point commun : l’art d’accueillir des conversations qui comptent !
Vous allez me dire « Mais qu’est-ce qu’une conversation qui compte ? Cela veut-il dire qu’il y a des conversations qui ne comptent pas ? Qui ne sont pas utiles ?… »
Et bien justement avec AOH j’ai ressenti ce que cela voulait dire une conversation qui compte !
La conversation est un outil d’interaction humain qui nous permet d’échanger nos idées, d’offrir des ressources ou de cocréer de l’innovation….Enfin quand ça se passe bien…La plupart du temps les conversations tournent au débat avec des opinions très marquées sans écouter ce que l’autre a, à nous dire. Cela peut tourner au conflit et bloquer la conversation. On peut également ressentir une perte de temps surtout lorsque ça débouche sur rien.
Converser est avant tout un acte d’écouter qui demande de l’attention, du respect et une intention de vouloir collaborer. Chose qui n’est pas forcément facile pour tout le monde surtout lorsqu’on ne sait pas comment faire.
Le séminaire « Se transformer et transformer le monde par le dialogue » avait pour objectif de nous sensibiliser, faire pratiquer ou perfectionner le cercle de dialogue. C’est ainsi que j’ai pu expérimenter pendant 3j un des puissants outils d’intelligence collective.
Cercle de dialogue Késako ? Comment ça fonctionne ?
Comme son nom l’indique, ce sont des dialogues qui se font en cercle (il n’y a pas de nombre minimum ou maximum de personnes). Ce système de communication est utilisée depuis la nuit des temps, comme l’indique ce passage extrait de Dialogue – A Proposal Copyright ©1991 David Bohm, Donald Factor and Peter Garrett : « On trouve des notions d’un tel type de dialogue dans les écrits sur des tribus de chasseurs-cueilleurs. De 20 à 40 chasseurs se rencontraient pour parler ensemble, sans ordre du jour précis ni but prédéterminé. Pourtant, de tels rassemblements semblaient produire et renforcer une sorte de lien unificateur ou une camaraderie qui permettait aux participants de savoir ce qu’on attendait d’eux sans avoir besoin de directives ou d’échanges verbaux additionnels. En d’autres mots, ce qui émergeait à l’intérieur d’un tel groupe pourrait être appelé une culture cohérente partageant un même sens. »
Dans notre cas, cette pratique de communication nécessite de respecter un cadre dans lequel tous les participant-e-s évoluent et acceptent de respecter des règles, afin que cela soit efficient. Elles ne sont pas compliquées mais demandent une petite présentation pour comprendre leur utilité et leur bénéfice, voici les 3 principales :
- On ne parle que lorsqu’on a un « bâton de parole ». Ce bâton peut-être physique ou virtuel (d’un geste de la main on peut saisir l’air au centre du cercle et dire « je prends la parole »). Cela signifie que l’on peut prendre le temps que l’on veut pour s’exprimer, on peut reprendre son souffle, déglutir et même mettre des silences (pour continuer à réfléchir dans sa tête). Et pour autant on ne vous coupera pas la parole tant que vous n’aurez pas remis le bâton de parole au centre du cercle en disant « j’ai dit ». Cela permet d’acter la fin de ce que vous vouliez exprimer. Une autre personne peut ainsi saisir le bâton et parler à son tour.
- On parle toujours avec le « je ». On parle de soi, avec authenticité, en évitant les généralités et toujours en rapport avec ce que l’on ressent, ce que l’on pense.
- On parle au centre du cercle, c’est-à-dire qu’on ne s’adresse pas directement à quelqu’un en particulier, on ne se réfère pas directement à sa parole et on ne rebondit pas directement non plus.
Ces 3 règles permettent de mettre tous les participant-e-s au même rang, pas de discrimination, pas de favoritisme, pas de hiérarchie ! Elles engagent les personnes à s’écouter, à réfléchir sur ce qui a été dit et à contribuer au dialogue en donnant leur point de vue.
A ces règles sont ajoutées 3 éléments indispensables : L’hôte et la.le gardien-ne du cercle et l’intention du cercle
- L’hôte c’est une personne du cercle qui pose le cadre en expliquant les règles, qui se permet d’intervenir (en prenant le bâton de parole) lorsqu’une règle n’a pas été respectée et qui gère le temps.
- Le.la gardien-ne du cercle, c’est une autre personne qui régule les énergies du cercle. C’est-à-dire qu’elle intervient (en prenant le bâton de parole) pour suggérer des temps de silence à des moments où les émotions sont fortes, où il est bon de maintenir une harmonie.
- Enfin le cercle du dialogue démarre par une intention commune qui est placée en centre du cercle (cela peut être une problématique ou une question ouverte).
Ce que j’ai pu expérimenter :
J’ai ainsi pu faciliter en visio (Oui oui c’est possible !) un cercle de dialogue auprès d’un collectif de collaborateur-trice-s spécialisés dans l’accompagnement de dirigeant-e-s dans la transformation de leur entreprise. Ces 7 personnes sont géographiquement dispersées en France et sont habituées à la communication digitale. Leur souhait est de développer un projet commun pour intervenir sur des entreprises dont leurs besoins demandent des compétences et expertises différentes.
Seulement voilà cela fait des mois qu’iels n’arrivent pas à s’entendre sur ce projet commun, iels n’arrivent pas à communiquer, à avancer et à mettre en place des actions. Leurs réunions tournent souvent au débat, sont énergivores et chronophages.
Iels étaient arrivé-e-s à un point de lassitude, de découragement.

Iels ont voulu expérimenter le cercle de dialogue pour voir si cela pouvait être un outil de communication efficace pour atteindre leur objectif.
J’ai donc été l’hôte de ce cercle, accompagnée par mon collègue Franck Sinimalé incarnant le gardien du cercle.
Ce fût 2h d’une belle et riche expérience
La récolte (étape finale du cercle) a été étonnante pour tous les participant-e-s. Iels ont pris conscience :
- Qu’iels ne s’écoutaient pas dans leur réunion
- Qu’iels ressentaient de la frustration, parfois du jugement
- Qu’iels avaient enfin pu libérer les paroles avec authenticité pendant ce cercle
- Qu’iels avaient lâché certaines choses trop lourdes, non dites et que c’était un soulagement
- Que le silence, dans le dialogue, était important pour laisser infuser les réflexions émises
En 2H iels avaient ressenti le bénéfice et l’intérêt de cet outil.
Ce cercle n’a pas apporté de solution directe à leur intention de départ mais a contribué à leur faire prendre conscience qu’iels pouvaient faire autrement pour communiquer et par ricochet, trouver une nouvelle façon de mieux collaborer.
Dirigeant-e-s, si cette histoire vous inspire, n’hésitez pas à me contacter moi ou mon collègue Franck pour obtenir plus d’informations.
Au plaisir de vous accompagner avec la puissance de l’intelligence collective !
Ivanna